Les dinosaures souffraient de toux, de fièvre et de maux de tête
Les fossiles du sauropode vieux de 150 millions d’années, surnommé Dolly, ont été découverts dans le Montana aux Etats-Unis en 1990.
Le processus de découverte
C’est le paléontologue Cary Woodruff qui a examiné les os du cou de Dolly et y a identifié des saillies osseuses de forme et de texture inhabituelle. « C’était vraiment bizarre, je n’avais jamais vu ça chez aucun dinosaure » a expliqué le spécialiste des sauropodes. « J’ai partagé les informations avec mes collègues scientifiques, des vétérinaires, des médecins… qui m’ont dit : c’est incroyable, on dirait une infection respiratoire! », raconte ce chercheur au Royal Ontario Museum de l’Université de Toronto.
En 2018, c’est cette photo ci-dessus, partagée par Cary Woodruff sur son compte Twitter qui a lancé tout ce projet de recherche. Il demandait ce que ces choses étranges pouvaient être dans les vertèbres de Dolly.
Depuis le paléontologue n’a cessé de partager quelques informations concernant l’évolution de ses recherches sur ses réseaux sociaux, comme en témoigne cette photo postée en juin 2019 avec pour description : “Nous avons donc dû emmener notre sauropode Dolly malade à l’hôpital cette semaine. Alors qu’est-ce qui ne va pas avec Dolly ? Nous pensons que Dolly a eu une infection – le premier type jamais documenté chez un dinosaure ! Suivez-nous pendant que nous apprenons de quoi souffrait ce dinosaure remarquable!”
L’analyse des restes fossilisés
C’est le 10 février que Cary Woodruff publie son analyse finale et complète sur le Scientific Reports. L’enquête révèle que les infections respiratoires existaient déjà il y a 150 millions d’années, les dinosaures souffraient eux aussi d’infections respiratoires : toux, fièvre ou encore maux de tête.
Les saillies anormales étaient localisées vers le bas du cou de l’animal, pile à l’intersection des sacs aériens (des poches remplies d’air connectées aux poumons qui sont une caractéristique des systèmes respiratoires propres aux dinosaures et aux oiseaux). Difficile de poser un diagnostic car il ne reste aucune trace biologique de ces tissus. Les scientifiques sont donc allés enquêter chez les plus proches descendants vivants de Dolly : les oiseaux. «Comme les oiseaux sont des dinosaures, c’était une approche qui faisait sens du point de vue de l’évolution», explique Cary Woodruff.
Son équipe a observé chez les oiseaux des pathologies produisant les mêmes symptômes osseux. En particulier une maladie aux caractéristiques similaires : l’aspergillose, une infection respiratoire fongique (causée par des micro-champignons). «Chez les oiseaux, c’est l’infection respiratoire la plus répandue qui, du point de vue de l’évolution, doit bien venir de quelque part», souligne le paléontologue. Le scanner a ensuite permit d’analyser l’intérieur des os et a pu confirmer une anomalie qui se serait probablement formée dans un second temps, en réponse à une infection des sacs aériens.
Cette infection pourrait bien être l’origine de la mort de l’animal qui vivait à la fin du Jurassique
Selon le chercheur, l’origine de cette infection pourrait s’expliquer par le climat chaud et humide dans lequel vivait Dolly, un environnement propice aux infections fongiques, il exclut cependant une maladie virale type grippe aviaire, car : « elle n’attaque pas les os de la même manière ». L’aspergillose provoque des symptômes grippaux tels la fièvre, des maux de tête, des éternuements et de la toux. « Nous avons tous eu les mêmes symptômes et nous nous sommes probablement sentis aussi mal que Dolly”, constate Carry Woodruff auprès du Guardian.
Cary Woodruff explique que l’aspergillose peut être mortelle si elle n’est pas soignée : « Dolly devait se sentir très mal. Ça l’a peut-être tuée, ou alors affaiblie, en en faisant une proie facile pour ses prédateurs comme le redoutable T-rex ».